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Les dangers de la jungle
Article mis en ligne le 18 juillet 2018
dernière modification le 3 novembre 2021

Au début de ma vie dans la jungle, j’ai été confronté à des peurs et à des craintes souvent du domaine de l’imaginaire et du fantasme, véhiculées par les médias en quête de sensationnalisme et par des tartarins tropicaux qui, pour se mettre en valeur, racontaient n’importe quoi. Ensuite, j’ai fait la part des choses et j’ai trié le vrai du faux. Voici donc mon palmarès des dangers dans la jungle. Palmarès personnel, n’incluant que des faits vérifiés ou vécus par moi-même. Je ne tiens pas compte des ’’l’ami d’un ami m’a dit que... ’’

 Les dangers de maladie :

De tous les dangers qui guettent l’usager de la jungle, ce sont ceux qui sont les plus difficiles à éviter :

  • Lorsque l’on arrive dans la jungle, les premières semaines, on se couvre de petites plaies difficiles à soigner. Avec des soins, au bout de deux à trois semaines, le problème disparaît.
  • Le palud, presque absent avant les années 80 a fait un retour en force. Le plus à craindre est le falsciparum résistant. Plusieurs de mes amis ont fait des comas, j’ai moi-même été atteint 7 fois dont une fois avec un falsciparum résistant attrapé sur l’Oyapock. C’est une maladie terrible, invalidante. S’en remettre est difficile. Tous les camps de vacances et guides de jungle sont touchés même s’ils le nient pour ne pas effrayer les touristes. Seule solution, se protéger des moustiques, hamacs à moustiquaire, tenue longue, pas de déplacement à l’heure de la volée, repélent et prophylaxie. Attention, certains médicaments prescrits ne peuvent pas être pris plus de quelques mois à cause de leurs effets secondaires et sont d’ailleurs interdits en Amérique du Nord pour leur dangerosité.
  • La Leismaniose est aussi un vrai fléau. Une plaie qui ne guérit pas, qui suppure en permanence, affaiblissement... Même précaution que pour le palud.
  • D’autres maladies plus rares sont également présentes comme le choléra, les amibiases... Désinfecter l’eau de boisson, la vaisselle.
  • Un autre danger constant qui guette le broussard est le sida. Les tentations sont nombreuses et le danger plus que réel.

 Les animaux

En dix ans de jungle, j’ai été peu ennuyé par les animaux. Presque à chaque fois que j’ai été embêté, c’était suite à une imprudence de ma part.

  • J’ai subi une attaque d’anaconda, mais c’était dû à une imprudence de ma part. Je connais deux autres personnes qui ont été également attaquées, une femme de Kourou et un Indien de Mana.
  • Deux fois, j’ai eu des confrontations orageuses avec un jaguar, mais chaque fois, j’en ai été la cause. Un Saramaca de Saut sabbat a pisté un jaguar qui avait mangé son chien une nuit complète, l’a blessé. Ensuite, c’est le jaguar qui l’a traqué et attaqué à plusieurs reprises avant de se faire abattre. Un Puma blessé par des amis chasseurs les a suivis jusque dans leur carbet et les a attaqués au petit matin.
  • J’ai été attaqué une fois par un pécari et un ami a été grièvement blessé par une bande de pécari sur l’Inini.
  • Le danger le plus présent et le plus difficile à éviter est celui que représente les centaines de variétés de guêpes agressives qui attaquent dès que l’on passe près du nid. Appelé ’’mouches sans raison ’’, la piqûre de certaines espèces peut vous tuer ou vous laisser KO. Le salut est dans la fuite... et dans l’art de localiser les nids pour les éviter.
  • Les serpents venimeux, mygales et autres animaux à venin sont présents, mais peu dangereux. Un copain s’est fait mordre par un grage. Les dents sont restées plantées dans la rangers et il n’y a pas eu de problème. Le serpent tué, il a fallu des pinces pour retirer les dents. Par contre, les doigts de pied étaient humides de venins... J’ai joué avec des centaines de serpents, de mygales, matoutous sans soucis. Je ne connais personne qui ait été tué par un serpent. Par contre, le danger est réel, il suffit d’ouvrir l’oeil et de connaître leurs moeurs pour éviter les soucis.
  • J’ai été piqué par un scorpion noir donné comme mortel. Je ne suis pas mort et ça n’a pas été pire que certaines piqûres de guêpes. Un gars qui me devait de l’argent me donne une paire de bottes, il insiste pour que je l’essaie... en l’enfilant, piqué ! Dans ce cas, le danger n’était pas le scorpion, mais l’humain qui l’avait mis dans la botte... J’ai juste vu un gars qui avait été piqué en forêt par un scorpion et qui a failli y rester. La présence d’un médecin militaire l’a sauvé.
  • Deux fois, j’ai échappé de peu à des piqûres de scolopendres. Leurs piqûres sont très douloureuses et cicatrisent mal, elles se rouvrent régulièrement.
  • Les fourmis sont une gêne permanente. Elles sont présentent partout, piquent sans cesse et j’ai déjà subi des pluies de fourmis en machettant un fourré pour ouvrir un passage. Des dizaines de piqûres douloureuses m’ont obligé à faire un grand détour. Mon carbet a été dévasté trois fois et j’ai dû abandonner vivres et matériel à leur voracité. Les attaques ont toujours eu lieu de nuit. Dans la jungle, j’ai eu deux autres camps de base dévastés par des fourmis guerrières de jour. Nous avons perdu une grande partie de nos vivres alors que nous étions à 200 km du lieu habité le plus proche.
  • Deux fois, j’ai subi des graves intoxications alimentaires avec des fruits donnés comme comestibles.
  • À plusieurs reprises des vampires ont essayé de me piquer la nuit alors que je dormais dans un carbet d’une mine d’or. Le hamac était trop prés du sol, le carbet mal fait je l’ai modifié pour être plus haut.
  • J’ai embêté un tamanoir qui m’a attaqué.
  • Les Aïmaras à l’époque où ils étaient encore nombreux attaquaient facilement dans les sauts et provoquaient de graves blessures.
  • La raie d’eau douce est un animal redoutable qui provoque de terribles blessures, très douloureuses. Je connais plusieurs piroguiers rendus infirmes par cet animal.

 Les parasites et problèmes de la peau

  • Les poux d’agoutis et autres parasites du même acabit sont faciles à éviter et à soigner. Personnellement je n’en ai jamais eu.
  • La puce chique est un parasite courant et facile à éviter et à soigner. Dans les zones sableuses, le risque d’infection est maximal. Je garde des souvenirs de soirées ’’puce-chique’’ . Attention aux infections en cas de mauvais soins.
  • Le vers macaque a de quoi faire pâlir d’horreur tout broussard ! imaginer un asticot ou des asticots qui vous bouffent tout cru... j’en ai eu un, mes chiens aussi et pas mal d’amis ont été atteints. Un seul a eu besoin de chirurgie, car il était placé sur la colonne dans un endroit où toute extraction était dangereuse.

 Les chutes d’arbres ou de branches

Chaque nuit, chaque jour, on entend des arbres tomber dans un vacarme assourdissant. Des branches mortes par jour de vent peuvent également tomber. J’ai été assommé une fois par une branche tombée alors que je progressais dans un layon, un autre copain a été blessé par la chute d’un arbre de nuit sur son hamac.

 Les hommes

  • Presque toutes les personnes que j’ai vues disparaître en forêt sont mortes de mort violente.
  • J’’ai moi-même été attaqué une vingtaine de fois par des bandits essentiellement de nuit ou en début du jour. Si je n’avais pas été sur mes gardes, et si je n’avais pas eu une solide formation militaire, un grand sang-froid et un fort charisme, je serais peut être mort. Chaque fois mes agresseurs ont fui sans bobo dès qu’ils se sont vu percé à jour. Pour éviter tous soucis, il faut seulement être attentif et avoir le sommeil léger. En cas d’alerte, montrer que l’on est sur ces gardes suffit à résoudre le problème.
  • Tous mes voisins Bonis, Saramacas ou Indiens on eux-mêmes été attaqués et souvent en cas de danger venaient se réfugier chez moi.
  • Une voisine à Petit Laussat s’est battue une nuit complète à coup de fusil avec plusieurs bandits qui essayaient de rentrer chez elle. Elle a été blessée, mais elle les a repoussés.
  • Une autre à Saut sabbat a été torturée et violée par des bandits surinamiens.
  • À Cayenne, en plein jour, au centre-ville, j’ai été attaqué à la machette par un gars qui a essayé de me piquer ma sacoche

Une précision importante, chaque fois, le fait de manifester ma présence avec prudence, de montrer que j’étais armé, tirer un coup de feu en l’air, faire du bruit, a suffi à éloigner mes agresseurs. Je n’ai jamais eu besoin de réellement me défendre et de faire preuve d’agressivité ou d’être violent. Être sur ses gardes est la meilleure des défenses et le montrer suffit à faire fuir les agresseurs. Mais avant tout, le fait de vivre en sympathie avec toutes les communautés de la forêt, de les respecter, de les traiter en égaux et de les aider chaque fois que c’est nécessaire aide beaucoup à vivre en paix. Seulement deux fois, l’alerte a été très chaude, mais chaque fois, avec un peu de sang froid, j’ai pu mettre en fuite mes agresseurs sans être obligé de recourir à la force. Personnellement, je suis pacifiste et trouve toute forme de violence inacceptable. J’ai même passé mes dernières années en forêt sans armes et sans pour autant être en danger. La paranoïa ambiante augmente le danger et crée des tensions là où il ne devrait pas en avoir.

 La Jungle

  • Quelques dangers sont causés par la jungle elle-même, se perdre, mourir de faim, déraison, sont les causes essentielles des disparitions dans la jungle. Une fois perdus, rares sont ceux qui survivent plus de quelques jours.
  • Les sables mouvants sont également un danger dans des zones de marais ou de mangrove. Alors que perdu, je luttais pour ma survie en essayant d’attraper un caïman pour le manger... plouf, aspiré vers le fond dans une boue liquide. On s’enfonce sans pouvoir rien y faire... J’ai dû mon salut à une racine que j’ai pu saisir en enfonçant mon bras au complet dans un talus vaseux pour trouver un appui. Les trois amis qui étaient avec moi n’ont pas eu le temps d’intervenir avant que cela devienne critique, sans cette racine, j’aurais disparu avant d’avoir pu recevoir de l’aide tellement ce fut rapide.
  • Les passages de sauts sont dangereux, on peut s’y noyer ou perdre son matériel très facilement et se retrouver sans ressource.
  • Certaines rivières peuvent monter de plusieurs mètres en quelques heures et détruire campement, matériel et embarcations.

La lecture d’un guide comme ’’Robinsonnade en Amazonie’’ vous donnera toutes les clés de la compréhension de ce milieu et vous expliquera les techniques à mettre en œuvre pour éviter simplement tous ces dangers.

La jungle est une bonne école qui révèle les caractères et qui forge les hommes. Avec elle, on ne peut pas tricher.

La jungle est un Éden, une annexe du Paradis lorsqu’elle est encore intacte. Elle vous offre une oasis de bonheur et de tranquillité ou la vie est simple et belle. Mais comme tous les Paradis terrestres, il faut le mériter. Tout le monde n’y a pas droit. Il faut faire un effort de compréhension et d’apprentissage pour pouvoir y vivre sans soucis. Une fois que l’on a acquis les bases de la vie et la survie, tout y est calme, paisible et harmonie.

Même si la navigation est dangereuse sur les grands fleuves entrecoupés de sauts, avec de bons piroguiers, on arrive à bon port quoique, personnellement, je fais plus confiance à mes talents et à mon kayak...

Le bossman lit l’eau et repère les dangers du fleuve


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